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Procès Bongo Valentin : Les attentes déçues d’un peuple

Au-delà des arcanes politico-judiciaires, la récente sortie de l’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze a touché une corde sensible au sein de la population gabonaise. En questionnant l’opacité entourant le procès de Sylvia et Noureddin Bongo, il a exprimé tout haut les doutes qui infusent dans une société qui, depuis le « coup de libération » de 2023, attendait un changement radical en matière de transparence et de justice.

Le « procès du siècle » gabonais, qui s’ouvrira le 10 novembre, devait être le symbole de la rupture, la preuve que l’impunité de l’ancien système était révolue.

Or, les révélations d’un « accord secret » avec la famille déchue, appuyées par des vidéos clandestines, et la convocation controversée des juges par le Garde des Sceaux, sèment le trouble.

Pour de nombreux Gabonais, l’espoir d’une justice impartiale et rendue « au nom du peuple est déjà mort ».

La transparence face au secret du pouvoir

Les nouvelles autorités s’étaient engagées après le coup d’état, à restaurer les institutions et à lutter contre la corruption. C’est précisément cette promesse qui est aujourd’hui mise à l’épreuve.

« Qu’est-ce qui a été pris exactement ? Si c’est de l’argent, combien ? Et cet argent est où ? Si Oligui et Co ont mangé l’argent, qu’il nous disent » dit exaspéré Sylvain, un chauffeur de taxi.Cette demande de comptes est l’écho d’une frustration populaire profonde. Les Gabonais veulent savoir où sont passés les fonds publics supposément détournés.

« On nous avait promis la lumière, et on a l’impression que les vieilles habitudes de négocier dans le dos du peuple continuent », confie un enseignant qui a préféré garder l’anonymat.

Un procès symbolique

Le cas de la famille Bongo est emblématique. Pour l’opinion publique, il s’agit de juger un système.

Le fait que l’ancien président Ali Bongo lui-même ne soit pas poursuivi, alors que son épouse et son fils le sont, alimente les suspicions d’une justice sélective.

La perception d’un « deux poids, deux mesures » est d’autant plus vive que des scandales financiers continuent d’éclater, mettant en cause des personnalités du nouveau régime.

La demande de justice n’est pas une quête de vengeance, « mais une exigence de normalité et d’égalité devant la loi pour tous les citoyens » a déclaré le député de la transition Geoffrey Foulboula Libeka (ndlr).

Ce procès pourrait soit renforcer la confiance fragile des Gabonais dans leurs nouvelles institutions, soit confirmer leur crainte que, malgré les changements de façade, les logiques du pouvoir restent les mêmes.

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